CharlÉlie Couture : L’Artiste Multiste, Entre Poésie Rock et Engagement Écologique
- Vinyles & Vintage
- 29 sept.
- 8 min de lecture
Rencontre, discographie et projet BLEU-VERT (2026) – Un funambule de la chanson française
CharlÉlie Couture est de ces artistes que l’on ne range jamais dans une seule case. Chanteur, auteur, compositeur, mais aussi peintre, écrivain et photographe, il cultive depuis plus de quarante ans une liberté créative qui le distingue dans le paysage culturel français. Poète rock, explorateur sonore, observateur lucide du monde, il s’est imposé comme une figure majeure de la chanson française tout en poursuivant une carrière d’artiste visuel.
Dans cet article, nous revenons sur son parcours, son univers et son actualité, et nous vous proposons une rencontre privilégiée avec CharlÉlie à travers une série de questions posées en toute simplicité, comme une conversation entre passionnés d’art et de musique.
Des débuts marqués par la poésie et le rock
CharlÉlie s’impose au début des années 1980 avec Poèmes rock, un album-manifeste qui pose les bases de son identité : une écriture poétique ancrée dans le quotidien, portée par un rock énergique. Suivront des albums marquants comme Pochette surprise ou Art & Scalp, qui confirment son originalité et sa place singulière dans la scène musicale française.
Mais très vite, il refuse de se limiter à la musique. Sa démarche est déjà celle d’un « multiste », un artiste multiple qui explore différents supports pour traduire sa vision du monde.
Le « multisme » : une vie d’artiste en mouvement
Peinture, écriture, photo, musique : CharlÉlie ne s’interdit rien. Il développe sa notion de « multisme », une façon de concevoir l’art comme une constellation de formes, où chaque discipline nourrit les autres.
Installé à New York dans les années 1990, il trouve dans cette ville une énergie nouvelle, une libération de complexes, un apprentissage de la rigueur et de l’affirmation de soi. Ce séjour façonne durablement son approche artistique et humaine.
Une carrière internationale et des explorations constantes
CharlÉlie a toujours refusé de céder aux étiquettes. Qu’il s’agisse de chanson française, de rock, de blues ou d’expérimentations électroniques, il avance selon son intuition. Sa carrière internationale, notamment en Australie puis aux États-Unis, a enrichi son univers, nourri d’images et de sons venus d’ailleurs.
Une discographie marquée par l’évolution et la fidélité
Avec près de 30 albums studio depuis la fin des années 1970, CharlÉlie Couture a construit une œuvre foisonnante, toujours à la frontière entre poésie et rock, entre chanson française et inspirations anglo-saxonnes. Son parcours discographique reflète ses explorations, ses remises en question et son refus des étiquettes.
12 chansons dans la sciure (1978) : premier essai autoproduit, brut et sincère, qui pose déjà les bases de sa démarche artisanale.
Le pêcheur (1979) : son premier véritable album officiel, marqué par une écriture poétique et une atmosphère encore confidentielle.
Pochette surprise (1981) : l’un de ses disques les plus connus du grand public. Porté par des titres accrocheurs, il confirme sa singularité.
Poèmes rock (1981) : véritable manifeste artistique. L’album impose son style, entre verbe poétique et énergie rock, avec le classique Comme un avion sans aile.
Quoi faire ? (1982) : un disque plus sombre, où transparaît déjà son goût pour les thématiques existentielles et sociales.
Crocodile Point (1983) : exploration de sonorités hybrides, où le blues et le rock viennent épaissir la trame musicale.
Art & Scalp (1985) : album audacieux, presque conceptuel, qui mêle provocation et recherche artistique.
Solo Boys (1987) et Solo Girls (1988) : diptyque singulier, où il interroge les polarités masculin/féminin dans la création. Albums atypiques qui marquent une période de transition.
Melbourne Aussie (1990) et Victoria Spirit (1991) : albums influencés par ses voyages en Australie. Des atmosphères dépaysantes et une inspiration renouvelée.
Les Naïves (1994) : un disque intimiste qui révèle une écriture plus dépouillée, presque murmurée.
Casque nu (1997) : album charnière, puissant et introspectif, qui marque son retour en grâce auprès de la critique.
Soudé soudés (1999) : collaboration plus collective, empreinte de fraternité et d’énergie partagée.
109 (Poèmes électro) (2001) : CharlÉlie expérimente les textures électroniques, mêlant poésie et sons modernes.
Double Vue (2004) : disque de maturité, où sa plume atteint un équilibre entre récit intime et observation sociale.
New YorCœur (2006) : inspiré par sa vie new-yorkaise, l’album retranscrit l’énergie de la métropole, entre blues urbain et poésie brute.
Fort rêveur (2011) : retour à une écriture contemplative, où la rêverie et la nostalgie s’invitent.
Be Yourself (2012) : un album comme un mantra, qui illustre sa philosophie artistique : rester fidèle à soi-même.
I m M o r t e l (2014) : disque marqué par une réflexion sur le temps, l’héritage et la condition humaine.
Lafayette (2016) : un album élégant, où il rend hommage à ses racines et à son rapport transatlantique.
Même pas sommeil (2019) : la preuve de sa vitalité créative, avec un souffle toujours intact après 40 ans de carrière.
Trésors cachés et perles rares (2020) : compilation de titres moins connus, qui met en lumière la richesse de son catalogue.
Quelques essentielles (2022) : best-of sélectif qui condense l’essence de son œuvre pour les nouveaux auditeurs.
Contre toi (2024) : album récent qui confirme sa capacité à rester actuel, en abordant des thèmes intimes et universels.
Projet BLEU-VERT (2026, à venir) : un album caritatif centré sur l’environnement, réunissant plusieurs duos autour de la planète. Une démarche engagée qui synthétise à la fois son art et sa conscience citoyenne.
🎧 À (re)découvrir dans sa discographie
5 albums incontournables
Poèmes Rock (1981)
Pochette Surprise (1981)
Casque Nu (1997)
New YorCœur (2006)
Projet BLEU-VERT (2026, à venir)
5 albums à redécouvrir
Le Pêcheur (1979)
Art & Scalp (1985)
Solo Boys (1987) / Solo Girls (1988)
109 (Poèmes électro) (2001)
Même pas sommeil (2019)
Rencontre avec CharlÉlie Couture : questions en toute simplicité
Tu as toujours jonglé entre la musique, la peinture, l’écriture et la photo.👉 « Je ne sais pas si j’ai jamais jonglé en traversant la jungle »
Qu’est-ce que chacune de ces disciplines t’apporte que les autres ne peuvent pas donner ?👉 « La beauté des œuvres d'Art est une drogue qui modifie le regard sur le monde.La littérature / écriture est une gymnastique qui oblige l’esprit à rester alerte. La Musique est une communion de fréquences qui nous met en symbiose avec le présent… tantôt en harmonie, tantôt en distorsion. »
Depuis tes débuts avec Poèmes rock, ton style a évolué mais reste reconnaissable. Comment fais-tu pour garder ton fil rouge sans te répéter ?👉 « J’ai essayé de me remettre en question tout en restant fidèle à mes illusions. Les pensées nouvelles sont comme le lierre ou la glycine qui s’accroche au crépis des monuments qui nous ont précédés. »
Tu as longtemps vécu à New York. Cette immersion américaine a-t-elle transformé ta manière de composer et de créer ?👉 « Oui, elle m’a soulagé de certains complexes. J’ai appris à organiser mon chaos en m’appuyant sur quelques préceptes :
Find your Mission !
Be yourself! The best you have to give is yourself!
Ce ton public qui te choisit, et non l'inverse ! »
Tes textes observent souvent le monde, ses beautés comme ses travers. Tu écris d’abord pour toi, ou avec l’idée de tendre un miroir à la société ?👉 « J’essaie seulement d’être honnête vis à vis de ce que je ressens…Sur ma tombe en épitaphe j’imagine qu’on pourrait y lire : “C’était donc ça une vie… ?!” »
Est-ce que tu considères tes chansons comme une sorte de journal intime, ou au contraire comme des histoires universelles qui te dépassent ?👉 « La vie de chacun d’entre nous pourrait devenir un roman. Je raconte des histoires qui pour la plupart me sont arrivées. Mais parfois aussi je m’inspire d’autres faits-divers qu’on m'a racontés. Étaient-elles vraies, je ne sais pas... Qu’est-ce que la vérité ? Qu’est-ce que le mensonge ? »
Tu es reconnu comme un artiste « inclassable ». Cette liberté, est-ce une force ou parfois un fardeau dans une industrie qui aime les étiquettes ?👉 « Dis plutôt que je suis classé parmi les inclassables… On n’a pas voulu de moi sur l’autoroute. Peut-être que j’ai refusé de payer le tarif ? Mais à force de répéter que je roulais en dehors des sentiers battus, on a fini par me faire atterrir dans le fossé… Si parfois ça me blesse ? Ce serait mentir de dire non. »
Ton idée de « multisme » résonne encore plus aujourd’hui, à l’ère numérique. Comment tu la redéfinirais en 2025 ?👉 « C’est triste à admettre mais il n’est jamais bon d’être en avance sur son époque... Aujourd’hui l’idée du multisme est mieux assimilée oui, Néanmoins les gens du commerce restent très frileux sur le sujet. Pour eux : “bon à tout égal propre à rien”. Moi je leur réponds : “Qui n’a qu’un œil est borgne”. Si on préfère les spécialistes, alors je suis un spécialiste du Mutisme… ;-) »
Quels artistes, jeunes ou contemporains, t'inspirent aujourd’hui ou te donnent foi en la relève ?👉 « Johnny Jane, Sam Sauvage, Zaho de Sagazan, Zed Youn Pavarotti, Stromaé, USSAR, Bertrand Belin, Delgrés, Théo Charaf, Nicolas Jules… »
Avec le recul, y a-t-il une œuvre ou un moment de ta carrière qui résume le mieux ton parcours ?👉 « Il n’a Dieu que pour elle, Avant l’ivresse, L’histoire du loup dans la bergerie ?... »
Avec ton regard d’artiste libre, comment tu vois la scène musicale française actuelle ?👉 « Les plateformes nous ont d’abord émasculés en nous spoliant sans vergogne. Et maintenant pire encore : les géants de la tech aspirent notre âme pour nourrir leurs applications de créations musicales par I.A.
Les jeunes créateurs n’ont plus droit à l'erreur, tu es obligé au succès sinon tu meurs. »
Ton prochain album est attendu pour 2026. Peux-tu nous en dire plus ?👉 « Il s’intitule Projet BLEU-VERT. Les bénéfices seront reversés à la fédération France Nature Environnement. J’ai choisi d’y regrouper des chansons inspirées par les questions de l’environnement, écrites au fil de mes 26 albums. Il y a une seule inédite, et j’ai mis en musique un poème de Paul Watson. Oui, il s’agit d’un album de duos : douze voix pour la planète. »
Le choix des collaborateurs a-t-il été facile ?👉 « Les choses ne se passent jamais exactement comme on l’avait prédit…Certains que j’imaginais sensibles à la cause ont oublié de répondre, d’autres ont dit oui tout de suite. Je suis ravi du résultat. »
Actualité
Avec ce Projet BLEU-VERT, CharlÉlie Couture s’inscrit dans une démarche artistique et citoyenne. En mettant son talent au service de la cause environnementale, il prouve qu’un artiste peut allier poésie et engagement.
Son influence sur la chanson française reste considérable : il a ouvert la voie à une approche libre, poétique et multidisciplinaire. Son regard critique sur l’industrie musicale actuelle en dit long sur sa fidélité à ses valeurs.
CharlÉlie Couture est un artiste rare, un funambule qui avance entre musique et arts visuels sans jamais se renier. À travers son œuvre et ses mots, il rappelle que l’art est d’abord une manière d’être honnête avec soi-même et avec le monde.
Son futur album caritatif Projet BLEU-VERT, attendu en 2026 chez Verycords, sera une nouvelle étape d’une carrière jalonnée d’engagements, de poésie et de liberté. Plus que jamais, CharlÉlie Couture reste fidèle à sa devise : être soi-même, coûte que coûte.
Un énorme MERCI CharlElie pour ces quelques échanges.
Pour ceux qui aimerait s'offrir une de ces oeuvres, voici un lien vers sa boutique officielle : La boutique de CharlElie
Commentaires